MARCO EL DRITO
Extraits du texte de Paul Chevillard

 

Chapitre 1
OÙ MARCO "EL DRITO DE VENISE" EST ENGAGÉ POUR UN LONG VOYAGE INESPÉRÉ EN MER

C'était vraiment une bonne journée qui s'annonçait à Marco: ni les moustiques, ni ses compagnons de chambrée ne l'avaient empêché de dormir, il avait pu éviter en sortant dans sa ruelle obscure et étroite, le liquide épais et odorant que la grosse Angelica avait jeté de sa fenêtre, et enfin, au sortir du sotoportego, un soleil aveuglant l'accueillait sur la Riva degli Schiavoni.
"Nuit sèche, sans moustique et sans lune annonce une journée de fortune", se dit-il le sourire aux lèvres en se dirigeant d'un pas alerte vers son quartier général: une vieille barcasse à fond plat, sorte de sandalo, cent fois réparée, amarrée devant l'Hôpital de la Pietà. Comme chaque jour, il avait retrouvé ses trois amis, Michele, Simone et Nicolò avec qui il échangeait les dernières informations, élaboraient les plans de la journée, ou encore trempait une ligne pour pêcher quelque poisson.

Marco était un jeune homme pour lequel on éprouvait immédiatement de la sympathie: le regard vif et souriant, toujours une bonne histoire ou un proverbe improvisé aux lèvres, il était surtout réputé pour son astuce et sa rapidité à trouver solution à tous les problèmes, et c'est pour cela qu'on l'appelait "el Drito", "le malin" /...

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